vendredi 26 février 2010

Þorrablót (ou la preuve qu'on est pas ce qu'on mange)

Bonjour à tous! Enfin après presque un mois d'absence sur le blog, je trouve un peu de temps pour rédiger un nouvel article. S'il est possible que mon clavier soit un peu rouillé, mon enthousiasme lui reste intacte!

"Mais Quentin! Nous étions inquiet... Où étais tu pendant tout ce temps?"
Excellente question petit bonhomme! Il est vrai qu'un mois sans rien ajouter à ce blog, c'est un peu comme attendre l'âme soeur... On attend tous les jours que quelque chose arrive, et c'est au moment ou on s'y attend le moins que ça nous tombe dessus. Ce dernier mois a été un enfer d'organisation... Alors que mon dernier semestre balançait entre l'université, mon équipe de volley, et mon équipe fille à entraîner, une partie de moi a décidé que dormir 8h par nuit c'était 4h de trop! Je me suis ainsi intégré à l'International Comitee de mon université (censée faire le lien entre les étudiants étrangers, les étudiant islandais, et l'administration); ça m'occupe quelques heures de plus par jour. Je suis également salarié de mon équipe fille puisque je touche l'équivalent de mon loyer par mois en les entrainant, je suis donc tenu à plus de rigueur et à des objectifs de fin de saison... Et vous savez quoi? J'adore ça! Mais tout ça était un peu dur à gérer au début, et le blog a dû passer après...

"Mais Quentin! Pourquoi as tu intitulé ton article Þorrablót si c'est pour nous parler de ta vie ?"
Alors déjà, j'aimerais bien que tu lèves le doigt si tu veux dire quelque chose, il se trouve que c'est mon blog... Deuxièmement tu apprendras que la patience est une vertu, et que j'y viens justement.

Þorrablót est une célébration traditionnelle islandaise! Il s'agit originellement d'un festin organisé à la fin de l'hiver, à l'occasion duquel les indigènes sortaient toutes les denrées préservées jusqu'alors. Comme à l'époque des Viking, Whirlpool n'avait pas encore percé dans l'industrie du réfrigérateur, la nourriture était préservée dans le sel dans le meilleur des cas (voir ci dessous).
Aujourd'hui, Þorrablót est un évènement annuel imprégné des antiques coutumes. Les convives partagent des mets variés, allant de Hákarl (requin pourri) jusqu'à la tête de mouton en passant par les testicules broyées dudit mammifère.

"Tiens, tu oublies ta tête de mouton!"

Pour rien au monde, je n'aurais manqué un tel évènement! Le défi pour mon bizutage était d'avaler absolument tous les plats présents sur le buffet, en rajoutant autant de morceaux de Hákarl dans mon assiette que le numéro 7 de l'équipe d'Islande de handball avait marqué ce soir là (7 buts le bâtard!).

Hakarl, certainement la limite entre "comestible" et "mortel"

Pour vous donner une idée du challenge, je vais rentrer dans les détails de la préparation du requin seulement en vous épargnant le reste.
Hákarl est donc de la viande de requin fermentée de 6 à 12 semaines selon la mode, puis mis à sécher pendant une durée allant de 4 à 5 mois... Sachant que la viande de requin fraîche est toxique en raison de sa forte concentration en acide urique (oui oui... urique comme urine...) et en ammoniaque (décidément très pipi), elle est soumise à une préparation spéciale! Attention pas "spéciale" comme dans "On vous a réservé une surprise spéciale"! Plutôt "spéciale" comme dans "Mmmhhh... ce gâteau menthe et vinaigre est ... comment dire... spécial!". En effet, pour assainir la viande, on creuse un trou dans le sable jusqu'à atteindre le gravier, on y place la viande, on rebouche le trou et on met de grosse pierres dessus pour compresser la chair et ainsi en faire sortir toutes les toxines! Si vous avez l'impression d'être passé à coté des règles élémentaires de l'hygiène, c'est normal! Mais comme on dit ici : "Ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort!"

Cabane de fermentation

Pour la petite histoire, j'ai tout mangé, tout bu, et ai passé ensuite une heure au dessus de la cuvette de porcelaine à interroger le requin pour savoir si oui ou non il voulait ressortir...

Les photos sont en bonus.

Possédé par le requin... je remercie la photographe
d'avoir immortalisé l'instant...