mercredi 9 septembre 2009

La Cod War en Islande

Et non ce n'est pas une faute de frappe dans le titre, vous pouvez tous fermer le pop-up de commentaire!

Il s'agit d'une part importante de l'histoire islandaise qui s'est déroulée dans les années 50 et 70 et qui opposait l'Angleterre et l'Islande. Cette sombre période de la mémoire de l'Islande n'a pas été relatée dans notre livre d'histoire pour deux raisons: l'Islande c'est trop petit, et voir des gens se disputer la poiscaille, c'est had been! Car oui il s'agissait bien de poisson (cod: morue en anglais).


Pour résumer, la principale ressource de l'Islande à cette époque était la pêche (ça l'est encore d'ailleurs). Seulement les eaux territoriales islandaises se sont vite avérées trop restreintes pour répondre à la demande croissante. C'est ainsi qu'ils ont déclaré (plus ou moins unilatéralement) que leurs eaux territoriales étaient désormais étendues, et qu'ils avaient le droit parce que c'était dans leurs textes de loi, rédigés par eux mêmes! Pas de bol pour eux, les anglais pêchaient dans ces mêmes eaux, et eux n'avaient pas bien enregistré cette histoire d'extension.
Ainsi pour prévenir la menace des 4 pauvres bateaux de pêche que comptait la marine islandaise, les britanniques ont fait escorter leurs propres bateaux de pêche par des navires de guerre de la Royal Navy (rappelons que la marine britannique fait partie des plus puissantes du monde).


Ils sont tous allé régler ça devant le Tribunal de la Haye, et ça a marqué la fin de la première Cod War.

C'était sans compter sur cette petite coquine de marine Anglaise qui s'est remise à pêcher 20 ans plus tard dans les eaux islandaises, remettant le feu aux poudres...
Après avoir compris que ça ne servirait à rien de rentrer dans les bateaux anglais (car oui ils l'ont fait, les Islandais préférant la méthode empirique), ils ont mis au point la résistance passive et ont créée l'arme qui fait encore aujourd'hui la fierté du pays: le net cutter (découpeur de filet).


Le mode d'emploi est très simple: il suffit de passer dans le sillage du bateau de pêche anglais en laissant traîner le net cutter, couper les filets de pêche, et le temps que les Anglais s'en rendent compte et changent de cap, vous êtes déjà loin à vous fendre le lard et imaginant leur tête. Que de folles soirées!


Mais les Britanniques, mauvais joueurs ont moyennement apprécié l'humiliation et ont ramené leurs destroyers et autres fregates. C'est alors que l'OTAN est intervenu dans les "négociations". Et comme ils avaient besoin de l'Islande pour baser l'armée américaine (couloir stratégique dans le cadre de la Cold War), et que l'Islande menaçait de les quitter, ils n'ont pas eu d'autre choix que de dire aux Britanniques de rentrer chez eux, le tout consigné par écrit dans un traité expirant en 1975 accordant même à l'Islande un élargissement de leurs eaux territoriales.

Autant le dire, une fois le traité expiré les anglais se sont fait un plaisir de remettre le couvert une dernière fois! L'Islande a réagi de la même façon que pour la deuxième édition, et a menacé l'OTAN de la fermeture de la base américaine de Keflavik (celle où j'habitais), ce qui aurait sérieusement compromis la surveillance de l'Atlantique Nord. Ainsi, l'Islande a obtenu de l'OTAN la quiétude de leur territoire de pêche sur des eaux s'étendant à 200 miles marins, contre 4 miles au début du conflit dans les années 50!


Morale de l'histoire: c'est quand l'anglais en a marre de se taper des thons qu'il va chasser la morue.

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